L’horreur politique : L’Etat contre la nation

Le mercredi 08 mars 2017, le Professeur Olivier Babeau, vice-président et porte-parole de la Fondation Concorde nous a présenté son dernier livre “l’horreur politique”- publié aux éditions Les Belles Lettres.

Olivier Babeau a débuté son intervention en rappelant en prélude le contexte politique français. Alors que la campagne présidentielle 2017 devrait battre son plein, elle souffre d’un désamour en raison de rebondissements incessants, laissant peu de place aux idées et débats de fond.

Dans ce contexte, la méfiance est présente à deux égards dans notre pays. A l’égard d’une classe politique contestée et de l’étatisme désuet de sens aujourd’hui. Il est bien trop obsolète de penser que l’Etat peut tout faire et surtout qu’il a la solution à tout.

Au sein des sciences économiques, la tendance est de considérer l'État comme un agent unique, régulateur du marché, capable de remédier aux défaillances. Néanmoins, alors que les défaillances du marché telles que les conséquences des externalités et la nécessité de mettre en place des biens publics sont enseignées à tout étudiant, les défaillances de l'Etat lui-même sont absentes des enseignements.

 

 

“L’Etat a trois défauts majeurs :

il est omniprésent, parasite et impuissant”

 

L’Etat omniprésent

Il est vrai que la place occupée par l’Etat dans l’économie française est imposante, la France se classe ainsi à la deuxième place européenne dans ce domaine.

A ce titre, il paraît essentiel de rappeler qu’en France, il existe dans le domaine juridique une summa divisio droit public- droit privé. Cette distinction archaïque maintient la spécificité de l’Etat, qui n’est pas un justiciable comme les autres pouvant être jugé comme tout agent économique devant les tribunaux judiciaires.

Notre système politique montre aussi quelques limites.En effet,l’évaluation de l’action publique – ô combien même serait-elle bénéfique – ne produira pas d’effets avant 10, 15 ou 20 ans ! Au moment de juger des premiers effets de son action, l’homme politique n’est plus en fonction pour s’en accorder les mérites. Et, parfois, les résultats observés n’ont que peu à voir avec l’action politique, se justifiant uniquement par la situation conjoncturelle.

 

L’Etat parasite

L’action de l’Etat entraîne parfois des dérives dangereuses, comme le clientélisme ou le conflit d’intérêt; autant de défauts que l’on pourrait qualifier d’humains mais qui sont totalement prohibés lorsque l’on cherche à évaluer l’action de l’Etat.

Olivier Babeau a mis en relief la complexité du mille-feuille administratif, le poids de l’Etat est tel qu’il faut une “armée d’individus” pour gérer la complexité de son dispositif. Toutefois les fonctionnaires n’ont pas pour finalité de simplifier le système mais de le faire perdurer, de peur de perdre l’intérêt même de leur fonction.

In fine, le Professeur a introduit le terme de “Trappe à Étatisme”, une situation dans laquelle l’Etat est tellement présent qu’une majorité de la population dépend de son activité de près ou de loin et ne souhaite plus en réduire son périmètre d’action.

 

L'État Impuissant

L’Etat soutient l’économie comme une corde soutient un pendu”- métaphore d’O.Babeau pour représenter l’Etat impuissant

 

Au même titre que l’administration, l’homme politique doit justifier de son travail. Le plus souvent cela passe par la création d’une disposition législative à laquelle il attribue son nom. Naturellement, personne ne voudrait donner son nom à l’abrogation d’une loi !

La conséquence est une inflation législative, qui ne répond plus à la situation économique et aux évolutions sociétales.

 

Que faire ?

Il convient d’abord de débloquer les accès à la haute fonction publique. Ces postes ne sont accessibles que sur le principe sacro-saint du concours, passés souvent dès l’âge de 20 ans. Il faut donc permettre l’accès de la “société civile” et favoriser les aller-retours entre carrière publique et carrière privée.

Olivier Babeau a également développé d’autres éléments susceptibles d’améliorer la vie publique : mettre en place et/ou favoriser les contre-pouvoirs plus à mêmes de contrôler les actions et potentiels dérives de l’Etat, appliquer en priorité le principe de subsidiarité, ou encore moderniser nos techniques démocratiques en se tournant vers la démocratie participative afin d’intégrer le citoyen au processus de décision.