Publié dans la Tribune le 22 février
Les réseaux de soins sont une vraie réponse, efficace, à l'inflation des tarifs médicaux (dépassements d'honoraires)
Au cœur du débat pour l'élection présidentielle, le rôle des organismes complémentaires (mutuelles, assurances, institution de prévoyance) fait l'objet d'une surenchère de propositions allant de leur nationalisation à leur suppression, comme si leur existence, à côté du système étatique et en partenariat avec lui, ne pouvait être qu'un pis-aller illégitime, inefficace et coûteux.
Cette caricature nie le rôle historique des Complémentaires. Elle fait l'impasse sur les solutions indispensables qu'elles ont développées pour assurer la protection sociale de 63 millions de Français et garantir la pérennité de son financement. Certaines vérités doivent être rétablies.
Les complémentaires santé, une solution indispensable
D'abord, le recours au privé ne signifie pas la fin du service public ! En France, beaucoup d'entreprises privées assurent des services publics dans un cadre concurrentiel ou régulé, comme la distribution de l'eau ou le ramassage des déchets, sans que cela ne conduise au cataclysme prédit par les tenants du « tout Etat ».
Ensuite, si l'État a favorisé le développement des Complémentaires (95% de la population française est désormais couverte, contre 84% en 1998), c'est bien pour assurer une couverture sociale aussi large que possible au plus grand nombre. Pour apporter un soin plus attentif à ceux qui en ont besoin, l'Assurance maladie s'est concentrée progressivement sur les affections de longue durée, qui touchent de plus en plus de Français. Conséquence de ce choix, les Complémentaires ont constitué une solution indispensable pour assurer que les ménages puissent avoir accès aux soins moins bien pris en charge par le régime général (notamment bucco-dentaires, optiques et audioprothétiques). Au total, cette alliance a permis de couvrir l'ensemble des besoins médicaux des Français.
L'inflation des dépassements d'honoraires…
En dépit de ces avancées, un réel obstacle demeure : la progression des dépassements d'honoraires et de tarifs est particulièrement élevée, notamment pour les soins courants, ce qui pèse sur les Complémentaires et contraint leur capacité de remboursement. Cette inflation a pour effet que les dépenses à la charge des patients peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros, même après remboursement. De nombreux Français sont ainsi contraints de renoncer à se soigner.
… et son remède
Pour remédier à cette dynamique d'exclusion, les Complémentaires ont développé des réseaux de soins conventionnés, qui les associent à des professionnels de santé dans une démarche partenariale : elles négocient avec eux des tarifs raisonnables et en échange, ceux qui le souhaitent peuvent s'engager dans un exercice différent, accompagnés dans leur quotidien, bénéficiant d'une meilleure visibilité et de revenus stabilisés. Cette démarche commune est directement favorable aux patients : elle permet de leur proposer des contrats moins chers, ce qui favorise une plus grande égalité en matière de santé. Pour l'Assurance maladie, cette dynamique vertueuse est une garantie que les Français seront efficacement protégés.
Contrairement à ce que prétendent les porte-voix des lobbies, qui abritent leurs préoccupations financières derrière de faux-semblants, ces réseaux respectent la liberté de tous les acteurs du système de soins, au demeurant protégée par la loi. Les patients peuvent évidemment voir le praticien qu'ils souhaitent et souscrire à la mutuelle qu'ils veulent. Les professionnels, dont l'indépendance est protégée, restent seuls maîtres de leur exercice et seuls décisionnaires des traitements, conformément à leur déontologie.
Un vrai besoin
Le succès des réseaux montre qu'ils répondent à un vrai besoin. Ils sont d'ailleurs déjà présents dans nos vies : en France, on en compte aujourd'hui une dizaine ; plus de 17 000 professionnels de santé ont signé un partenariat avec l'un d'eux et près de 48 millions de Français en sont bénéficiaires potentiels. Leurs effets positifs sur la régulation des dépenses de santé ont même été reconnus par des institutions comme l'Autorité de la concurrence. A l'heure où les modèles de gestion des risques sont à réinventer, cette coopération entre différents acteurs issus du public et du privé fait partie des solutions d'avenir: souhaitons que les candidats s'en saisissent au-delà des postures politiciennes, dans l'intérêt des patients !