La France est-elle suffisamment armée pour lutter contre le terrorisme ?

Avec Georges Fenech, Président de la commission d'enquête relative aux moyens mis en oeuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme

Mercredi 28 septembre 2016, nous recevions Monsieur Georges Fenech, député du Rhône et Président de la commission d'enquête sur les attentats en France autour du thème “la France est-elle suffisamment armée pour lutter contre le terrorisme?"

 

Avec des attaques terroristes touchant notre pays de manière récurrente et un climat d'insécurité de plus en plus présent, nous avons fait le choix de débattre des mesures à mettre en place pour garantir la sécurité des Français, sans amputer leurs libertés fondamentales. Le député Georges Fenech a donc fait un tour d'horizon des dispositifs en place et des mesures à déployer rapidement pour lutter contre le terrorisme.

 

Créée au lendemain des attentats du 7 janvier visant la rédaction de Charlie Hebdo, la commission d'enquête sur les attentats a rendu ses conclusions le 12 juillet 2016. Son président Georges Fenech, s'il s'est félicité de l'écho citoyen qu'ont trouvées ses propositions, a néanmoins déploré le manque d'intérêt de la part de l'exécutif sur ce sujet. Parmi lesdites propositions, figurent la création d'une agence nationale de lutte anti-terrorisme, la refonte du renseignement, la suppression des réductions de peines automatiques pour les terroristes et la création d'un réseau national du renseignement pénitentiaire.

 

Retrouvez ici le rapport de la commission d'enquête

 

Pour Georges Fenech, il y a urgence à repenser notre lutte contre le terrorisme. Pour le député, si ces attentats ont pu avoir lieu, cela résulte en grande partie de la faillite de notre système de renseignement.

 

Depuis la série d'attentats de 1995 jusqu'en 2012, avec l'attentat commis par Mohammed Merah, la France a perdu beaucoup de temps dans la lutte contre la radicalisation dans les mosquées et contre le terrorisme de manière générale. En effet, ce n'est qu'en 2012 que ce problème a commencé à être pris au sérieux.

 

De plus, jusqu'au 13 novembre 2015, la France ne disposait pas de loi-cadre sur le renseignement contrairement aux autres pays européens.

Ainsi, nous avons un déficit en termes de coordination des politiques de renseignement. C'est l'objet de la proposition consistant à créer une Agence nationale de lutte contre le terrorisme regroupant les services existants, comme c'est le cas aux Etats-Unis par exemple.

 

Les attentats résultent donc d'une faillite de nos services de renseignement mais également des échecs successifs à l'échelle européenne notamment en raison du manque de coordination et d'harmonisation entre les différents services de renseignement. EUROPOL a fait des progrès mais ne représente pas réellement un service de renseignement digne de ce nom, à la hauteur des enjeux. La faute à un manque de moyens et de coordination, EUROPOL n'a par exemple aucun accès aux fichiers Schengen.

 

Comment lutter contre le phénomène de radicalisation ? Les mesures mises en place ne suffisent pas. La création de centres de déradicalisation doit être accompagnée par d'autres mesures. Il y a aujourd'hui près de 1500 radicalisés dans les prisons. Malgré les centres pénitentiaires dédiés, les personnes radicalisées ne sont pas complètement isolées des autres prisonniers et de ce fait, il y a un risque permanent de “contamination". De plus, il est important de noter la porosité entre les délinquants de droit commun, les radicalisés et les potentiels terroristes. La plupart des gens qui sont passés à l'acte ont un précédent parcours de “simple" délinquant. D'où, la proposition de rétention administrative des personnes faisant l'objet d'une “fiche S" que formule Georges Fenech.

 

Enfin, Georges Fenech a rappelé que même si l'Etat Islamique devait prochainement tomber sur le terrain, son idéologie sera plus difficile à démanteler, et ce sera là le plus grand défi auquel nous devrons répondre. Et dans ce cas, “notre meilleure arme, reste encore la démocratie".